Jeudi de la troisième semaine de l'Avent : Le champ de force du passé
Présence
« Arrêtez ! Sachez que je suis Dieu.» (Psaume 45(46), 10). Seigneur, tes paroles nous conduisent vers la sérénité et la splendeur de Ta présence.
Écriture sainte
Luc 17, 29-33
Mais le jour où Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr ; cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révélera. En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Lot. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera.
Réflexion
Le livre de la Genèse décrit la destruction de la ville de Sodome. Lot, le neveu d’Abraham, vivait à Sodome depuis plusieurs années. Un ange fut envoyé par Dieu à Lot, à la demande d’Abraham. L’ange a dit à Lot et à sa famille de fuir pour sauver leur vie. En aucun cas ils ne devaient s’arrêter ni regarder en arrière. La femme de Lot n’a pas pu résister à l’envie de regarder la ville en flammes. Elle a été définitivement pétrifiée par son acte de retournement.
Cela semble être un acte de représailles brutal pour une infraction relativement mineure.
Les paroles de Jésus ci-dessus jettent une lumière différente sur l’histoire.
La chute de la femme de Lot résidait dans son refus de croire que le départ de Gomorrhe était – pour elle – le jour du salut. Le « jour où le Fils de l’homme sera révélé » n’est pas nécessairement le dernier jour – ni du monde ni de notre propre vie. Cela peut être un moment où la volonté de Dieu nous apparaît clairement. Pour l’épouse de Lot, le jour où elle quitta Sodome était pour elle « le jour où le Fils de l’homme s’est révélé ». Elle savait désormais sans équivoque que la vie qu’elle avait vécue à Sodome avait été destructrice. Elle a entendu les mots d’avertissement, mais ne les a manifestement pas crus. Lot avait peur de l’avenir, mais sa femme avait peur de laisser le passé derrière elle et c’était là le plus grand danger. En cherchant à conserver sa vie telle qu’elle la connaissait, elle a tout perdu.
L’influence du passé est la plus dangereuse lorsque nous nous voyons comme façonnés par des forces passées hors de portée de notre volonté et de notre compréhension. « L’expérience de mon passé a fait de moi ce que je suis aujourd’hui », se dit-on. « Ma vision du monde a été déterminée pour moi. Peu importe à quel point je le voudrais, je ne peux pas voir la vie différemment ». Peut-être que la femme de Lot s’est dit quelque chose comme ceci : « C’est tout ce que je connais de la vie. Je ne peux pas m’en détacher ». De cette manière, nous excusons notre inaction, nos distractions, notre refus d’abandonner nos attachements, nos ressentiments, notre culpabilité ou notre peur. Notre regard est inexorablement tourné vers l’arrière. Pourtant, nous devons garder à l’esprit que, même si nous ne pouvons pas changer ce que nous ressentons, nous pouvons changer notre façon d’agir.
Le grand philosophe juif Martin Buber a dit : « La seule chose qui peut devenir le destin d’une personne est la croyance au destin ; car cela supprime le mouvement de retournement… être libéré de la croyance qu’il n’y a pas de liberté, c’est en effet être libre. »
Pour chacun de nous, il y a un « jour où le Fils de l’homme se révèlera » dans un appel à la repentance, à la croissance, à la transformation. Pour chacun de nous, il y a un « jour où le Fils de l’homme se révèlera » dans un appel à la repentance, à la croissance, à la transformation. Nous ne pouvons pas faire un voyage si nous regardons en arrière.
Prière
Seigneur, aide-moi à réaliser que ma vie est un centre d’action disposant d’une grande liberté dans lequel la seule chose qui peut m’arrêter est la conviction que je ne suis pas libre. Donne-moi la grâce d’accepter une crise au sens originel du terme comme un tournant – quelque chose qu’il faut saluer plutôt que craindre, quelque chose que le philosophe Ivan Illich a décrit comme « le moment merveilleux où les gens prennent conscience des cages qu’ils s’imposent, et de la possibilité d’une vie différente ».
Amen
Gloire à toi, Père, source de toute vie,
à toi, Jésus, Verbe fait chair,
à toi Esprit Saint, Consolateur,
comme il était avant le début des temps,
il est aujourd’hui et sera éternellement.
Amen.